samedi 25 juin 2022

Faire ou ne pas faire


Hier soir, après trois ans d’interruption, j’organisais une nouvelle édition d’un tournoi de foot interne pour mes collègues… pour la trentième fois et plus.

Comme je le leur écrivais il y a deux mois, « OK, l'ASES Football n'est plus mais le foot reste ma passion. Et quand je me promène dans les couloirs de ma boîte et que je croise des potes nostalgiques de ces instants heureux, l'envie m'a pris d'organiser une nouvelle fête interne autour du ballon rond, de ses joueuses et joueurs, de ses supportrices et supporters. »

Faire ou ne pas faire, ça c’est une bonne question

Organiser un événement en solo pour des collègues en 2022 était un pari que j’ai voulu prendre il y a deux mois. À l’heure où je lis partout que les salariés sont désabusés et désengagés. Que les générations actuelles se sont renfermées dans leur cocon confiné et netflixé. Que le boulot est une chose et que la vraie vie en est une autre. Bref, je voulais voir ce qu’il en était.

Hier soir, la fête a bien eu lieu et les sourires étaient au rendez-vous. Comme quoi, prendre l’initiative d’apporter un peu de moments-bonheurs à des collègues est encore possible pour peu qu’on le veuille.

Hier soir, c’était aussi le clap de fin de ma cinquantième saison de footballeur. Et c’est toujours la même émotion.

S’entraîner et jouer au foot les mercredis et samedi, puis manger et jouer au poker holdem, tout ça dix mois par an depuis des années avec mes potes de 30 ans. Et oui c’est vrai qu’on s’aime, mais aussi qu’on s’engueule, qu’on se fait la gueule, qu’on se rabiboche, qu’on fête les joies et qu’on se réunit dans les peines familiales, qu’on voit grandir et s’épanouir nos enfants qui ont même parfois partager un peu de notre vie d’association.

La Coupe du fair-play pour Valérie, L’incarnation d’un bénévolat véritable 

 Hier soir, j’ai remis une coupe au vainqueur mais j’ai surtout remis la Coupe du fair-play à Valérie, qui représente si bien ce que signifie le bénévolat, à l’image de tous mes complices du Comité de l’AS Musau, comme de tous les bénévoles que j’ai eu plaisir de manager du temps où je présidais l’ASES Football. 

Valérie est trésorière, mais elle est aussi là tous les mercredis et vendredis pour nous accueillir, nous servir et nous nourrir, ainsi que tous les samedis et dimanche pour satisfaire les footballeuses, les footballeurs et tous les accompagnants. Souvent ses cinq enfants lui donnent un coup de main. Son mari est également vice-président du club. Tout ça bénévolement. Et gratuitement. C’est bien plus que du fair-play mais cette Coupe est tellement méritée. 

13 millions de Français ont une activité bénévole au sein d'une association.

 Ce chiffre reste relativement stable depuis plus de dix ans. Et il est en grande progression chez les moins de 35 ans et chez les 35 ans-49 ans qui représentent chacun 22% des bénévoles associatifs.

À vous toutes et tous qui donnez de vos talents et de votre temps pour nous rendre heureux, et à tout âge, « Merci »

































 


jeudi 19 mai 2022

Le facteur humain dans les projets

J'avoue, je vois souvent autour de moi plein de projets et d'équipes-projets. Mais, en fait, je ne connais  que très peu d'équipe au sens où je le vis depuis 50 ans dans le monde associatif. Venant du sport collectif, pour moi, une équipe est un collectif de personnes volontaires qui se gère en capitalisant sur les forces et faibles de chacune et chacun, le capitaine étant idéalement coopté par ses pairs.


Le facteur humain est souvent délaissé au profit des seuls process. Comment y remédier ?

Dans les hackathons, très rapidement intervient la notion d'équipe et sa cohésion. Au Hacking Industry Camp, nous avons ainsi intégré dès le premier soir un exercice de cohésion d'équipe qui rythme d'emblée le parcours guidant les participants du Hacking Industry Camp. Cela est particulièrement utile et apprécié par des participants qui ne se connaissaient pas une heure plus tôt, qui ont décidé de se regrouper sur un projet durant 54h.
 

Portrait-robot

La séquence Portrait-robot que nous les invitons à suivre aide les participants d'une nouvelle équipe-projet à mieux se connaître pour capitaliser sur leurs forces et faiblesses tant individuelles que collectives.


En 45' (1h avec débriefing), chaque membre de la nouvelle équipe va prendre le temps de réfléchir à sa motivation à rejoindre cette équipe, ainsi qu'aux valeurs et talents qu'il va offrir  et mettre à disposition du collectif.

La nouvelle-équipe va ainsi pouvoir optimiser les forces de chacun au service de l'ambition du projet.

Une approche complémentaire que j'enseigne à mes étudiants vise à intégrer la psychologie de chaque membre d'une équipe. Pour faire simple et aller à l'essentiel, je m'appuie sur deux approches : la méthode VAK et le MBTI.
 

Le style d'apprentissage sensoriel : Visuel, auditif ou kinésthésique ?

Le modèle VAK fournit un inventaire de référence simple et rapide permettant d’évaluer les styles d’apprentissage préférés des personnes, mais aussi de concevoir des méthodes et des expériences d’apprentissage qui correspondent aux préférences des personnes.


  • Le style d’apprentissage visuel implique l’utilisation de choses vues ou observées, y compris des images, des diagrammes, des démonstrations, des affichages, des documents, des films, des tableaux à feuilles mobiles, etc.
  • Le style d’apprentissage auditif implique le transfert d’informations par l’écoute : de la parole, de soi ou des autres, des sons et des bruits.
  • L’apprentissage kinesthésique implique une expérience physique – toucher, sentir, tenir, faire, des expériences pratiques.

Alors, vous êtes plutôt visuel(le), auditif(ve) ou kinésthésique ? Faites le test VAK ! *
 

Les 16 types de personnalité MBTI

L’indicateur typologique de Myers-Briggs (MBTI®) Niveau I est basé sur la théorie des types psychologiques de Carl Jung et permet d’identifier sa préférence psychologique naturelle parmi les deux possibles sur chacune des quatre dimensions.

  • D’où tire-t-on son énergie ? Extraversion (E) ou Introversion (I)
  • Comment perçoit-on les choses ? Sensation (S) ou INtuition (N)
  • Comment prend-on ses décisions ? Pensée (T, thinking) ou Sentiment (F, feeling)
  • Comment aborde-t-on le monde ? Jugement (J) ou Perception (P)

Les quatre lettres qui composent votre type de personnalité vous aident à mieux vous connaître et à mieux comprendre vos interactions avec les autres.

Moi, je suis plutôt ENF(T)P. Et vous ? Faites le test MBTI ! *

Des métiers adaptés aux profils MBTI


Ces différents aspects doivent entrer dans les dynamiques de professionnalisation du management d'entités, comme du management de projet.
  

En conclusion...

  • Il y a très peu de chance que vos profils soient identiques au sein de votre équipe.
  • En cas d'incompréhension avec un autre membre de l'équipe (ou un proche), n'hésitez pas à vous appuyer sur vos différences psychologiques pour identifier la source potentielle du problème et corriger le tir.


Dans tous les cas, soyez sûr(e) d'une chose :

Si votre interlocuteur (collègue ou client ou autre) ne comprend pas ce que vous lui dites ou montrez, le responsable est toujours l’émetteur, donc vous !


* Ces tests rapides vous apporteront des indications mais n'auront aucune valeur définitive. Seul un examen poussé avec des experts de ces méthodologies pourrait vous apporter une connaissance précise et détaillée vous concernant.

 

jeudi 10 mars 2022

Mes convictions de facilitateur post-confinements

Le 4 mars dernier, j'organisais une rencontre sur Le management des collectifs et la facilitation dans « l’après confinements ». J'en ai profité pour partager mes convictions de facilitateur après ces périodes de confinements. Mais pour comprendre pourquoi j'en suis arrivé à ces convictions, un retour en arrière s'impose.

 
En 2015, j’ai eu le plaisir d'être coopter par Adeline Schwander pour intégrer la réflexion qu'elle menée notamment avec Philippe Schoen, Marcellin Grandjean et Jean-Luc Watzky. Leur idée était de fédérer des personnes persuadées que la collaboration est plus utile et efficace que le rapport de force, ceci afin de partager et faire découvrir des bonnes pratiques et des techniques collaboratives. C'est ainsi que nous avons co-fondé l'antenne Alsace de l'IAF (International Association of Facilitators).
 

De l'IAF aux Facilitateurs d'Alsace et aux Facilitateurs ÉS

 
A cette époque, je n'étais absolument pas facilitateur et n'avait aucune envie de le devenir. Par contre, j'étais persuadé que ces techniques et cette compétence devant irriguer la société pour l'aider à se transformer. J'en étais d'autant plus persuadé que mes activités me permettaient de faire entrer cette approche dans mes différents environnement : dans mon entreprise, dans les associations où j'étais engagé, et dans la démocratie participative comme l'expérience #MAVOIX m'a permis de le démontrer par l'action.
 
J'étais alors déterminé à élargir le cercle de nos membres IAF à des relations professionnelles que je savais pouvoir faire entrer dans cette dynamique de transformations de nos entreprises, "à l'insu de leur plein gré", comme je me plais souvent à le souligner.

En 2017, pour être plus souple et plus agile dans les rencontres que nous organisions, nous nous sommes éloignés de l'IAF pour co-fonder le collectif Les Facilitateurs d’Alsace.

Notre communauté d’intérêt reste ouverte à tous ceux qui pensent que la coopération est plus utile et efficace que le rapport de force. Nous nous sommes fixés trois objectifs :
  • Faire découvrir des techniques collaboratives
  • Promouvoir la facilitation en Alsace
  • Favoriser le partage de bonnes pratiques.
     
 
Cette même année 2017, après quelques années à EDF, je revenais dans le groupe ÉS en tant que Coordonnateur Innovation. Sans attendre, il m’a semblé important de créer des communautés de pratiques sur des technologies disruptives, mais aussi une Communauté de facilitateurs ÉS au sein de l’entreprise. En effet, il me semblait essentiel de repérer des facilitateurs en herbe et en devenir pour préparer les transformations que le groupe ÉS allaient voir mettre en œuvre.

Depuis, nous nous réunissons pour partager nos envies et ne apprentissages, mais aussi pour essayer d'agir dans notre entreprise, l'union faisant la force. 
 
Le confinement a accéléré nos rencontres en distanciels et nous avons rapidement enrichi notre boîte à outils avec ajouté de nombreuses techniques de facilitation en distanciel et en hybride.
 
Depuis quelques mois, notre crédibilité est avérée et nous sommes régulièrement sollicités pour accompagner des managers d'entités et des pilotes de projets pour les aider à faire avancer leurs équipes, 
 
Depuis l'an dernier, je mobilise une dizaine de bénévoles engagés des Facilitateurs d'Alsace et des Facilitateurs ÉS pour coacher et accompagner les équipes lors du Hacking Industry Camp, et plus récemment, lors du hackathon Revell'East
 

Retour d’expérience « post confinements » sur le management des collectifs et la facilitation. 

 
Le 4 mars dernier, pour notre rencontre des Facilitateurs ÉS, j'avais convié Christian Bollaert (Responsable du développement managérial et de l’évolution des modes de fonctionnement à Orange Nord-Est) et Albert Moukheiber (expert des neurosciences) pour un retour d’expérience « post confinements » sur le management des collectifs et la facilitation. Albert a en effet récemment participé aux travaux du collectif Cog'X sur "les confinements et le travail hybride qui ont contribué à briser de nombreuses dynamiques collectives, créant parfois un isolement important chez certains salariés, et fragilisant la relation de confiance entre un manager et ses collaborateurs". D'où mon envie de l'inviter à partager sa synthèse avec nous.
 
Pour la petite histoire, j'ai connu Albert en 2016 à La Rochelle où nous étions tout les deux talkers du TedX organisé par Thierry Le Pesant, Thiery qui était lui-même, l'un des cofondateurs de #MAVOIX.
Et quant à Christian Bollaert, c'est un de nos Facilitateurs d'Alsace, Khalil Chtourou, qui nous avait mis relation, persuadé que nous avons des choses à faire ensemble. La belle sérendipité que voilà !
 
Bref, le 4 mars, nous nous sommes retrouvés pour partager notre retour d’expérience « post confinements » sur le management des collectifs et la facilitation. Et pour introduire cette séquence, j'avais décidé de partager trois convictions que j'ai acquises aujourd'hui. 
  

Ma première conviction : le cloud et le big data induisent une collaboration des datas et donc des utilisateurs de ces datas

 
Nous sommes à l'heure de la 4ème révolution industrielle induite par les impacts exponentiels du big data et du cloud dans nos vie professionnelles et privées.

 
Ces mutations nous obligent à dé-siloter les données et les humains pour les rendre plus "intelligents". 

Nous passons de la coopération à la collaboration

 
Poussé par les technologies et les générations nés à l'heure des réseaux sociaux, les entreprises voient leurs modèles se transformer, passant d'une logique de coopération (à chacun sa partie du tout) à une logique de collaboration (le tout pour tous) et le développement du mode projet et du management de projet, dans les entreprises, mais aussi dans la vie publique et le monde associatif. 


Cette mutation se traduit par des transformations qui touchent à la fois les espaces de travail et les espaces virtuels (Microsoft 365, Slack, Atolia, ...) qui ont tous enrichi leurs fonctionnalités collaboratives.
 
 
Ces mêmes mutations nécessitent d'organiser et d'optimiser le collaboratif et l'intelligence collective, favorisant l'apport des compétences des facilitateurs.
 

Un facilitateur doit maîtriser des étapes, s’il veut être efficient et ne pas participer à du social washing

 
Après plusieurs années d'expérience, et en réfléchissant avec mes collègues facilitateurs d'ÉS, je suis arrivé à la conclusion que six étapes sont essentielles à une facilitation réussie, c'est-à-dire qui transforme réellement un collectif et une réflexion.

  1. Se mettre d’accord avec le vrai demandeur sur son problème à résoudre et ses attentes : les 5 why du sponsor.
  2. Proposer un plan d’actions dans la durée, souvent en plusieurs étapes.
  3. Si le plan d’actions intègre une ou + sessions d’intelligence collective, proposition de les designer : Accueil > Météo > Ice-breaker > Des séquences adaptées à l’avancée de la problématique et de solutions (séquences courtes et variées, alternant des temps de réflexion individuelle et collective, de divergence et de convergence > Séquence préparatoire de l’épisode souvent > Check out.
  4. Si le demandeur le souhaite, possibilité d’animer/faciliter les sessions, ou de briefer les facilitateurs.
  5. Si le demandeur souhaitait une prestation d’animation/animation, possibilité de rédiger les comptes-rendus (à éviter selon moi car ceci déresponsabilise le demandeur).
  6. Proposition d’organiser un debriefing et un retour d'expérience.
     

Mes apprentissages de facilitateurs post-confinements

Enfin, ces derniers mois m'ont également convaincus de six points complémentaires

  • Le collaboratif est une condition nécessaire à la mise en œuvre de l'open innovation et de l'entreprise étendue 
  • Le distanciel et l’hybride forment un nouveau paradigme, et non une rustine éphémère
  • Le facteur humain est au coeur de toute transformation. J'avais eu la chance de creuser ce sujet avec des industriels, sous l'impulsion de Mireille Hahnschutz (CCI Alsace Eurométropole), dans le cadre de la communauté Le facteur humain dans l'industrie du futur.
  • Le management 2022 nécessite une vraie confiance, vs une défiance qui tend pourtant à revenir dans l'après-confinements
  • Le distanciel a favorisé l'horizontalisation des relations entre managers et collaborateurs
  • Les confinements ont permis de valoriser la facilitation et les facilitateurs.
Voilà. N'hésitez pas à partager vos réactions. Au grand plaisir d'en discuter ensemble.

Enfin, voici le replay de notre rencontre du 4 mars 2022. Bon visionnage !



PS : Merci Edouard Siekierski (EDF), Régis Monot (Steelcase.) et mes amis facilitateurs Isabelle Cablé, Bertrand Boyon, Valérie Kaufenstein, Quitterie De Villepin, et tant d'autres.
 

Biblio / Webographie 

Communauté de pratique, intelligence collective

    Distanciel, hybride, télétravail…

    dimanche 27 février 2022

    Chronique de deux nuits et deux jours parisiens

    Quand j'ai publié mes posts sur Facebook, quelques amis m'ont dit que je devrais les rassembler sur mon blog. Alors les voici réunis ici.

    Vendredi 18 février 2022, 19h38


    Ce matin, les DNA nous informaient d’une nouvelle expo à l’Atelier des Lumières sur Cézanne. Alors, j’ai bossé puis pris le train et c’était fait.


    Au-delà de l'anecdote qui est vraie, notre voyage avait été programmée depuis quelques jours pour découvrir le nouveau home de mon fils.

    Samedi 19 février, 8h12


    Paris s’éveille.

    « C'est à cause des nuages qui se trouvent entre moi et tout ça, se dit-il à lui-même. Tu n'as pas oublié. Suffit d'enlever tous les nuages, et tu verras que tout est toujours là. La lune, avec Persée juste au-dessus, Orion juste en dessous : Tout est en place là-haut, tout brûle et brille comme ça le fait toujours. C'est bon de ne pas l'oublier.

    Sauf si c'est faux.

    Sauf si toutes les étoiles avaient fini de brûler il y a mille ans et que c'était seulement ce soir que leurs lumières s'éteignaient.

    Tu pourrais tout aussi bien te réveiller demain matin et voir qu'Orion n'a plus de ceinture. Le fait que ça ait toujours été là n'aura aucune espèce d'importance le jour où ça cessera de l'être. Et il existera, ce jour. C'est la seule chose sur laquelle tu peux tabler avec autant de certitude que sur le fait que c'est là. Qu’un jour, ça le sera plus. »

    Benjamin Whitmer - Évasion - Ed. Gallmeister.


    Samedi 19 février, 8h57


    Le serveur avait une tête louche. Et voilà qu’il s’approche moi.

    « Monsieur, je peux vous poser une question indiscrète ? »

    Je soupire intérieurement, mais je devine qu’il ne vient pas me demander quel livre je suis en train de lire avec mon café.

    « Allez-y », je lui réponds en me doutant de la suite complotiste. En fait, c’est même pire que ça.
    Il s’approche avec sa voix assez forte pour que d’autres crétins éventuels l’entendent.

    « Vous savez qu’en France, c’est vous, c’est moi, c’est nous, les Français, qui payons la campagne des candidats à l’élection présidentielle, quand il font plus »

    « Plus de 5%, oui je sais », dis-je en l’interrompant avant d’enchaîner. « C’est logique. C’est la démocratie justement. »

    Alors, je le sens encore un peu plus énervé quand il s’éloigne.

    Alors, ma seule certitude, c’est que je ne lui laisserai pas de pourboire. Ça devrait même être comme une dictée : je devrais pouvoir lui enlever quelques euros pour chaque connerie édictée.

    Premier café parisien et premier café où je ne foutrai plus les pieds.

    Café de la République ? Mon c..


    Samedi 19 février, 11h54


    En passant devant cette enseigne, je me suis demandé si ici serait accepté un petit homme « décis », pas indécis, bien au contraire, sachant parfaitement ce qu’il cherchait et ce qu’il savait qu’il allait trouver dans ce coin de rue.
     
    Alors j’y suis entré. Et me suis installé sur un canapé contre la vitrine, face à la Place. 

    Buvant, lisant, observant, j’ai repéré cette fontaine qu’on voit parfois sur les places de Paris. J’ai voulu en savoir plus. Les fontaines Wallace ont été dessinées par Charles-Auguste Lebourg. Elles tiennent leur nom de Richard Wallace, le philanthrope britannique qui finança leur édification. Elles sont souvent associées par les étrangers à l'image de Paris, car c'est dans cette ville qu’elles furent implantées en premier et qu’on en trouve le plus en France.

    La Place de la Fontaine-Timbaud rend hommage à un métallurgiste militant. Après avoir passé un excellent moment dans le Café, j’ai remonté la rue et suis passé devant la Maison des Métallurgistes où j’ai pu faire le lien.

    Entre temps, j’avais déambulé dans le surprenant Passage des Fonderies.

    Bref, Les P’tites Indécises ont plein de raison de vous convaincre de venir les voir.


    Dimanche 20 février, 7h59


    Ce matin, il m’a demandé si j’avais toujours un livre quand je visite. Et oui, cher Ami de 31 ans, littérature rime très bien avec culture. 

    Me lever tôt quand la maisonnée dort encore, lire le post du jour de cet ami, voir la nuit disparaître et le jour renaître, voir les hommes de l’aube nettoyer les rues et les poubelles, entendre et regarder leurs camions se désarticuler pour emporter nos désinvoltures et nos surplus, déambuler à la recherche des lueurs d’un troquet matinal, entrer et écouter si la musique contribuera à mon plaisir ou non, m’installer et commander mon premier café, ouvrir mon livre et mettre en scène une nouvelle photo de voyage, entre littérature et culture. 

    Bonne journée à toi qui te reconnaîtras, et à vous si vous me lisez ici, tôt ou tard.


    Dimanche 20 février, 8h23


    - C'est quoi, au juste, ce que tu fais ? , dit-elle. Il déplia son couteau et se coupa une chique.

    - La traque, ça se résume à deux choses. La première, c'est être attentif. La plupart des gens ne sont jamais attentifs à rien. Je suis attentif aux gens depuis que je suis petit.

    - Pourquoi ? demanda-t-elle. Puis elle se rendit compte qu'elle connaissait la réponse. Il était devenu attentif aux gens à force de devoir anticiper qui serait le prochain à lui vouloir du mal. Quel jeune garçon de la ville allait vouloir le cogner à la sortie de l'école. Quelle fille allait le crucifier d'une réplique assassine. II avait pris l'habitude d'observer comment les gens se mouvaient au cas où leurs mouvements pourraient lui être hostiles. Parce qu'ils l'étaient toujours. Ça peut vous rendre vraiment très attentif d'avoir une ville entière qui se ligue.

    - La traque, c'est pas suivre des traces, dit-il. C'est deviner ce que sera le prochain mouvement de la chose que tu traques. Tu interprètes des signes, mais au fond il s'agit juste d'avoir un coup d'avance. Place n'importe qui dehors à un endroit où il peut s'en aller soit dans un sens, soit dans l'autre, et tu verras que tout le monde s'en va dans la même direction. Tout le monde croit être différent, mais personne ne l'est. Ils se dirigeront vers les hauteurs, ou bien vers un abri. N'importe où ils pourront se sentir plus en sécurité qu'à l'endroit où ils sont.

    - Mais les hommes ne sont pas des chevaux, Jim. 

    (ElIe se leva, attrapa une tasse vide, la lui donna.) Comment tu fais, avec les chevaux ?
    - Ils ont leurs raisonnements à eux, dit-il. C'est un petit peu plus dur, mais eux aussi, t'arrives à les cerner.

    - Alors c'est ça, t'es attentif et puis c'est tout ?

    - C'est ça, dit-il. Je ne vois rien que personne d'autre ne peut voir.

    - C'est quoi, la deuxième chose ?Il cracha dans la tasse.

    - Pardon ?

    - La deuxième chose, dit-elle. Tu as dit qu'il y avait deux choses. C'est quoi, l'autre ?

    Son air morne s'épaissit.
    - C'est de savoir à quel point c'est facile de se tromper.

    - Ça ressemble beaucoup au fait d'être attentif, dit-elle. Attentif à soi-même.

    Benjamin Whitmer - Évasion - Ed. Gallmeister.


    Dimanche 20 février, 9h55


    La veille au soir, on avait assisté à Berlin Berlin, une comédie au Théâtre Fontaine. L’histoire d’un appartement avec un passage secret pour passer sous le Mur. L’histoire d’un nid d’espions qui tourne au burlesque.

    Le lendemain, hier, mon fils nous a proposé de participer à un jeu de pistes pour partir à la découverte de son 11e arrondissement. Épatante idée et séduisante déambulation de huit kilomètres. Découvrir l’histoire de ce parc qui a remplacé ce qui fut la Prison des Roquettes, l’histoire de cet autre parc qui remplaça un orphelinat, l’histoire de toutes ces souffrances d’antan, mais aussi les histoires de ce parc d’où s’éleva la première montgolfière de l’Histoire, de cette rue qui fut la première piste vélocipèdique de Paris, des passages et des cours des artisans du Faubourg Saint Antoine, et puis.

    Et puis au détour d’une rue, j’ai reconnu cet immeuble et cette fresque de visages familiers ici assassinés : Cabu qui faisait rire les enfants du Club Dorothée, Wolinski qui faisait tordre de rire ses parents, Charb, Tignous, Honoré, Bernard Maris et Elsa Cayat, et Franck, Ahmed, Mustapha, Frédéric et Michel, dont les destins leur sont liés à jamais, et surtout à toujours, l’histoire de cette tuerie contre notre démocratie, de cette nouvelle page noire de notre Histoire, une étape qui n’était pas du tout inscrite dans notre jeu de piste, encore moins inscrite pour figurer dans cette histoire, dans notre Histoire.

    Un jeu de piste qui m’a touché-coulé. Et réveillé. #JeSuisCharlie


    Dimanche 20 février, 18h24


    Et voilà. Retour en Gare de Strasbourg. Merci ma famille pour ces deux nuits et deux jours parisiens.

    Famille, je vous aime



    samedi 22 janvier 2022

    Transmettre, c’est aussi recevoir


    Quand un étudiant me demande d’être son correcteur pour un dossier technique, il ne m’impose pas un boulot que je dois assurer gratuitement : il m’offre un cadeau !

     
    Dans le cadre des Masters autour du droit numérique dans lesquels j’interviens, je peux être amener à corriger des dossiers techniques, si des étudiants me le demandent et si je leur donne mon accord.

    C’est ce que je fais si le sujet m’intéresse et qu’il aborde une thématique dans l’air du temps, Just in time, au bon moment et au bon endroit.

    En leur donnant mon accord, je leur écris toujours ceci : « J’attends de vous que vous apportiez une valeur ajoutée à votre dossier, au-delà- d’une « simple » synthèse de l’actualité de la thématique, en y ajoutant notamment vos propres réflexions actuelles et prospectives. Vous pourrez alors le publier ensuite sur un blog et sur votre compte LinkedIn, et même ajouter une ligne sur votre CV en pointant le lien vers votre article. Je me ferai alors un plaisir, s'il est bon mais je n'en doute pas, de pointer votre blog personnel auprès de mon réseau concerné par la thématique. Cela vous challengera. Ou pas. »

    Depuis ce début 2022, j’ai eu le plaisir de lire et corriger trois merveilleux cadeaux.

    Parmi les dossiers reçus fin d’années, j’ai commencé par trois d’entre eux dont la thématique me passionne.

    Fonctionnement et principaux enjeux de la voiture autonome
    (Manon Deremetz - Master 2 Droit de l’économie numérique – Faculté de Droit de l’Université de Strasbourg)

     
    Si la mobilité bas carbone des véhicules est l’un des enjeux de réussite de la transition énergétique, les évolutions des technologies et des télécommunications transforment le secteur de l’automobile. Le dossier de Manon venait à point nommé et elle a réussi à dresser un large panorama des différents degrés d’automatisation, des technologies en jeu, ainsi que des aspects cyber-sécuritaires et éthiques. Ce qui me semblait clair m’est aujourd’hui bien plus précis.

    « Étonnamment, le monde de l’automobile, des nouvelles technologies, des équipements s’est joint afin de les résoudre, conclut Manon. La voiture autonome est par conséquent le fruit de grandes collaborations et alliances. A la lumière des avancées, ces dernières n’auraient pu voir le jour si chacun avait travaillé sur le sujet de manière solitaire. C’est grâce à ces nouvelles technologies que les règles s’affranchissent entres ennemis et concurrents, et de ce travail naît de belles innovations. »

    Merci Manon pour ce premier cadeau.

    L’innovation numérique comme outil de médiation sociale (Diane Lechevranton - Master 2 Droit de l’économie numérique – Faculté de Droit de l’Université de Strasbourg)


    Lors des précédents Hacking Industry Camp, j’ai souvent poussé des projets visant à rechallenger les expériences que l’on vit sur un stand de foire ou dans un musée. En résumé : dans 90% des cas, l’expérience n’a guère changé depuis l’Antiquité : des murs, des écrits sur les murs, des personnes présentes ou non pour les commenter, un peu d’interactivité parfois.

    Le dossier que me proposait Diane avait donc d’emblée toutes mes faveurs, mais en même temps, et c’est ce que je lui ai indiqué, le sujet m’intéressait tant qu’elle allait devoir me surprendre.

    Dès son intro, Diane souligne que la crise sanitaire a forcé les musées à se requestionner sur l’expérience à proposer à des visiteurs devant potentiellement rester à distance. Son tour d’horizon des solutions trouvées par les uns et les autres, illustrés de nombreux exemples d’ici et surtout d’ailleurs, augurent d’un champ des possibles et laissent entrevoir à quoi pourrait ressembler le musée 5.0.

    En conclusion, Diane écrit que « la médiation numérique ne pourra jamais s’auto-suffire elle ne peut venir qu’en addition à la médiation physique. C’est pourquoi, il est essentiel de réfléchir à toutes ces problématiques, afin de penser et concevoir judicieusement le musée de demain, avec des outils numériques au service d’un musée innovant et inclusif, remettant le public au centre du parcours et de l’espace. »

    Merci Diane pour ce second cadeau.

    Technologie et football : alliés ou rivaux ? (André Vincart - Master 2 Commerce électronique – Faculté de Droit de l’Université de Strasbourg)


    Bon, OK, le foot partage ma vie depuis ma naissance. Comme le clament les supporters du Stade de la Meinau, « Nous ne sommes pas onze, mais des milliers ! » Et comme nous le chantons lors des matches, « un seul amour, et pour toujours, Racing Club de Strasbourg ! ».

    En 2017, j’avais porté un projet au Hacking Industry Camp dont le nom « SuperKop 4.0 » traduisait mon envie de transformer l’expérience émotionnelle vécue dans l’arène en rendant dynamiques et interactifs les smartphones des spectateurs, synchronisés avec la bande son, la panneautique et les écrans géants.

    Quand fin octobre dernier, Vincent m’a demandé d’être son correcteur pour un dossier sur « la technologie appliquée au monde du football », autant vous dire qu’il me touchait en plein cœur… et qu’il se mettait la pression, car il connaissait très bien mon histoire.

    Et bien, je n’ai pas été déçu. Son excellent dossier aborde de façon très complète les impacts des nouvelles technologies sur le foot en général et dans ses toutes dimensions : évolutions des techniques audiovisuelles pour des retransmissions de plus en plus immersives, développement du smart stadium, le big data des données du foot pour une hyperpersonnalisation pour un meilleur suivi des joueurs, pour créer des entraînements techniques individualisés, pour concevoir et mettre en œuvre les stratégies tactiques adéquates pour contrer les équipes adverses et chacun de leurs joueurs, le tout étant financé notamment pour l’augmentation de la valeur marchande des compétitions et des joueurs.

    Je ne peux m’empêcher de partager ici avec vous quelques exemples cités par André.
     

    Smart stadium Vodaphone Park du Beşiktaş JK (Istanbul – Turquie)

     
    « Inauguré en 2016, le Vodafone Park compte non seulement plus de places assises que le révolu Inönü (environ 42.000 contre 32.000 auparavant), mais aussi une connexion Wi-Fi Vodafone SuperNet d’une vitesse pouvant atteindre 300 Gbit/s, du réseau 4.5G, ainsi que 2.000 sièges VIP dotés d’écrans interactifs sept pouces, sur lesquels les spectateurs peuvent par exemple regarder une analyse du match en direct, commander à manger, ou encore consulter le trafic routier en temps réel. »

    (…) En plus de fournir les écrans et télévisions encastrables du stade, Beko, grande entreprise turque d’électroménagers qui sponsorise le club stambouliote, assure aussi la climatisation dans toute l’enceinte. En partenariat avec Wirecard, société allemande spécialisée dans la fintech, le club lance également une application mobile permettant aux supporters d’acheter à manger et à boire directement depuis leur siège ; il leur suffit ainsi de récupérer leur commande à la mi-temps ou lors d’un arrêt de jeu sans devoir faire la file. »

    (…) Et pour couronner le tout, un système audio dernier cri signé K-Array avec pas moins de douze caissons de basse Mugello-KS5 suspendus autour du tableau d’affichage, ainsi qu’une trentaine de haut-parleurs Mugello-KH5. Doté de la technologie Slim Array, le KH5 permet une propagation du son sans résonances en produisant une forte pression acoustique pour une netteté optimale. Enfin, le système de dépointage oriente le son vers les tribunes pour une couverture constante et uniforme, même au fin fond des gradins situés à l’autre bout du terrain. »
     

    Stade Santiago Bernabéu du Real (Madrid – Espagne)

     
    « La rénovation de ce stade devrait s’achever cette année. En plus des améliorations significatives au niveau des installations et du confort avec notamment de nouveaux espaces de loisirs, de restauration et de divertissement – dont des locaux dédiés aux e-sports – les transformations prévues sur le plan technologique s’annoncent véritablement révolutionnaires, à commencer par l’illumination et la projection d’images sur la façade asymétrique en acier qui enveloppera l’arène dans sa totalité.

    (…) Les deux écrans géants classiques positionnés au-dessus des cages seront remplacés par un écran LED incurvé à 360 degrés unique en son genre, puisqu’il sera installé en forme d’anneau le long du périmètre des tribunes afin d’offrir à tous les spectateurs « un véritable spectacle visuel et acoustique, quelle que soit leur place dans le stade. »

    Merci André pour ce troisième cadeau.