jeudi 10 mars 2022

Mes convictions de facilitateur post-confinements

Le 4 mars dernier, j'organisais une rencontre sur Le management des collectifs et la facilitation dans « l’après confinements ». J'en ai profité pour partager mes convictions de facilitateur après ces périodes de confinements. Mais pour comprendre pourquoi j'en suis arrivé à ces convictions, un retour en arrière s'impose.

 
En 2015, j’ai eu le plaisir d'être coopter par Adeline Schwander pour intégrer la réflexion qu'elle menée notamment avec Philippe Schoen, Marcellin Grandjean et Jean-Luc Watzky. Leur idée était de fédérer des personnes persuadées que la collaboration est plus utile et efficace que le rapport de force, ceci afin de partager et faire découvrir des bonnes pratiques et des techniques collaboratives. C'est ainsi que nous avons co-fondé l'antenne Alsace de l'IAF (International Association of Facilitators).
 

De l'IAF aux Facilitateurs d'Alsace et aux Facilitateurs ÉS

 
A cette époque, je n'étais absolument pas facilitateur et n'avait aucune envie de le devenir. Par contre, j'étais persuadé que ces techniques et cette compétence devant irriguer la société pour l'aider à se transformer. J'en étais d'autant plus persuadé que mes activités me permettaient de faire entrer cette approche dans mes différents environnement : dans mon entreprise, dans les associations où j'étais engagé, et dans la démocratie participative comme l'expérience #MAVOIX m'a permis de le démontrer par l'action.
 
J'étais alors déterminé à élargir le cercle de nos membres IAF à des relations professionnelles que je savais pouvoir faire entrer dans cette dynamique de transformations de nos entreprises, "à l'insu de leur plein gré", comme je me plais souvent à le souligner.

En 2017, pour être plus souple et plus agile dans les rencontres que nous organisions, nous nous sommes éloignés de l'IAF pour co-fonder le collectif Les Facilitateurs d’Alsace.

Notre communauté d’intérêt reste ouverte à tous ceux qui pensent que la coopération est plus utile et efficace que le rapport de force. Nous nous sommes fixés trois objectifs :
  • Faire découvrir des techniques collaboratives
  • Promouvoir la facilitation en Alsace
  • Favoriser le partage de bonnes pratiques.
     
 
Cette même année 2017, après quelques années à EDF, je revenais dans le groupe ÉS en tant que Coordonnateur Innovation. Sans attendre, il m’a semblé important de créer des communautés de pratiques sur des technologies disruptives, mais aussi une Communauté de facilitateurs ÉS au sein de l’entreprise. En effet, il me semblait essentiel de repérer des facilitateurs en herbe et en devenir pour préparer les transformations que le groupe ÉS allaient voir mettre en œuvre.

Depuis, nous nous réunissons pour partager nos envies et ne apprentissages, mais aussi pour essayer d'agir dans notre entreprise, l'union faisant la force. 
 
Le confinement a accéléré nos rencontres en distanciels et nous avons rapidement enrichi notre boîte à outils avec ajouté de nombreuses techniques de facilitation en distanciel et en hybride.
 
Depuis quelques mois, notre crédibilité est avérée et nous sommes régulièrement sollicités pour accompagner des managers d'entités et des pilotes de projets pour les aider à faire avancer leurs équipes, 
 
Depuis l'an dernier, je mobilise une dizaine de bénévoles engagés des Facilitateurs d'Alsace et des Facilitateurs ÉS pour coacher et accompagner les équipes lors du Hacking Industry Camp, et plus récemment, lors du hackathon Revell'East
 

Retour d’expérience « post confinements » sur le management des collectifs et la facilitation. 

 
Le 4 mars dernier, pour notre rencontre des Facilitateurs ÉS, j'avais convié Christian Bollaert (Responsable du développement managérial et de l’évolution des modes de fonctionnement à Orange Nord-Est) et Albert Moukheiber (expert des neurosciences) pour un retour d’expérience « post confinements » sur le management des collectifs et la facilitation. Albert a en effet récemment participé aux travaux du collectif Cog'X sur "les confinements et le travail hybride qui ont contribué à briser de nombreuses dynamiques collectives, créant parfois un isolement important chez certains salariés, et fragilisant la relation de confiance entre un manager et ses collaborateurs". D'où mon envie de l'inviter à partager sa synthèse avec nous.
 
Pour la petite histoire, j'ai connu Albert en 2016 à La Rochelle où nous étions tout les deux talkers du TedX organisé par Thierry Le Pesant, Thiery qui était lui-même, l'un des cofondateurs de #MAVOIX.
Et quant à Christian Bollaert, c'est un de nos Facilitateurs d'Alsace, Khalil Chtourou, qui nous avait mis relation, persuadé que nous avons des choses à faire ensemble. La belle sérendipité que voilà !
 
Bref, le 4 mars, nous nous sommes retrouvés pour partager notre retour d’expérience « post confinements » sur le management des collectifs et la facilitation. Et pour introduire cette séquence, j'avais décidé de partager trois convictions que j'ai acquises aujourd'hui. 
  

Ma première conviction : le cloud et le big data induisent une collaboration des datas et donc des utilisateurs de ces datas

 
Nous sommes à l'heure de la 4ème révolution industrielle induite par les impacts exponentiels du big data et du cloud dans nos vie professionnelles et privées.

 
Ces mutations nous obligent à dé-siloter les données et les humains pour les rendre plus "intelligents". 

Nous passons de la coopération à la collaboration

 
Poussé par les technologies et les générations nés à l'heure des réseaux sociaux, les entreprises voient leurs modèles se transformer, passant d'une logique de coopération (à chacun sa partie du tout) à une logique de collaboration (le tout pour tous) et le développement du mode projet et du management de projet, dans les entreprises, mais aussi dans la vie publique et le monde associatif. 


Cette mutation se traduit par des transformations qui touchent à la fois les espaces de travail et les espaces virtuels (Microsoft 365, Slack, Atolia, ...) qui ont tous enrichi leurs fonctionnalités collaboratives.
 
 
Ces mêmes mutations nécessitent d'organiser et d'optimiser le collaboratif et l'intelligence collective, favorisant l'apport des compétences des facilitateurs.
 

Un facilitateur doit maîtriser des étapes, s’il veut être efficient et ne pas participer à du social washing

 
Après plusieurs années d'expérience, et en réfléchissant avec mes collègues facilitateurs d'ÉS, je suis arrivé à la conclusion que six étapes sont essentielles à une facilitation réussie, c'est-à-dire qui transforme réellement un collectif et une réflexion.

  1. Se mettre d’accord avec le vrai demandeur sur son problème à résoudre et ses attentes : les 5 why du sponsor.
  2. Proposer un plan d’actions dans la durée, souvent en plusieurs étapes.
  3. Si le plan d’actions intègre une ou + sessions d’intelligence collective, proposition de les designer : Accueil > Météo > Ice-breaker > Des séquences adaptées à l’avancée de la problématique et de solutions (séquences courtes et variées, alternant des temps de réflexion individuelle et collective, de divergence et de convergence > Séquence préparatoire de l’épisode souvent > Check out.
  4. Si le demandeur le souhaite, possibilité d’animer/faciliter les sessions, ou de briefer les facilitateurs.
  5. Si le demandeur souhaitait une prestation d’animation/animation, possibilité de rédiger les comptes-rendus (à éviter selon moi car ceci déresponsabilise le demandeur).
  6. Proposition d’organiser un debriefing et un retour d'expérience.
     

Mes apprentissages de facilitateurs post-confinements

Enfin, ces derniers mois m'ont également convaincus de six points complémentaires

  • Le collaboratif est une condition nécessaire à la mise en œuvre de l'open innovation et de l'entreprise étendue 
  • Le distanciel et l’hybride forment un nouveau paradigme, et non une rustine éphémère
  • Le facteur humain est au coeur de toute transformation. J'avais eu la chance de creuser ce sujet avec des industriels, sous l'impulsion de Mireille Hahnschutz (CCI Alsace Eurométropole), dans le cadre de la communauté Le facteur humain dans l'industrie du futur.
  • Le management 2022 nécessite une vraie confiance, vs une défiance qui tend pourtant à revenir dans l'après-confinements
  • Le distanciel a favorisé l'horizontalisation des relations entre managers et collaborateurs
  • Les confinements ont permis de valoriser la facilitation et les facilitateurs.
Voilà. N'hésitez pas à partager vos réactions. Au grand plaisir d'en discuter ensemble.

Enfin, voici le replay de notre rencontre du 4 mars 2022. Bon visionnage !



PS : Merci Edouard Siekierski (EDF), Régis Monot (Steelcase.) et mes amis facilitateurs Isabelle Cablé, Bertrand Boyon, Valérie Kaufenstein, Quitterie De Villepin, et tant d'autres.
 

Biblio / Webographie 

Communauté de pratique, intelligence collective

    Distanciel, hybride, télétravail…

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