lundi 3 août 2020

Mes histoires d’eaux


Avec l’âge me reviennent des briques de vie et je commence seulement à comprendre qu’elles ont contribué à construire ma vie. Des rencontres, des lieux, des événements, des sensations individuelles et collectives, autant d’instantanés qui composent aujourd’hui les pages de l’album d’une vie.

Moi qui suis de la ville, pourquoi donc j’aime autant l’eau ?

Alors je me souviens avoir grandi près du canal et des péniches, avoir joué avec les fils des mariniers, avoir rigolé avec Pincemi et Pincemoi qui étaient dans un bateau, avoir appris à nager dans la mer adriatique, avoir marché dans les pierres de la rivière qui traversait la maison de campagne vosgienne de mon ami d’enfance, avoir traversé la Manche en hovercraft avec ce même ami, avoir inventé l’univers de Bateau-Rouge et Bateau-Blanc pour faire rire et peur et endormir mes enfants, avoir marché en famille dans les pierres des rivières des canyons du sud, avoir traversé les sables mouvants de la baie du Mont Saint Michel, avoir roulé le long de gorges et de côtes magiques en France, en Suisse, en Norvège, avoir toujours aimé lire les rimes évoquant les cours d’eau, faut-il qu’il m’en souvienne, avoir toujours aimé les livres évoquant les îles, à Aran, à Ellis Island, ou du côté des Lofoten comme en ce moment.

Aujourd’hui j’aime lire à quai, sur ma péniche préférée où à bâbord circulent les voitures et les cyclistes, tandis qu’à tribord nagent les cygnes et les canards et voguent les bateaux à touristes, un lieu entre rester et partir, un lieu immobile entre les mouvements, une péniche d’où l’on peut voir une église majestueuse à deux tours en regardant en arrière et une cathédrale millénaire à une tour en regardant devant, une péniche à quai qui invite au voyage.

Mes histoire d’eaux à moi.