Que passent les voitures
Quittant le centre historique
Pour gagner les autoroutes
C'est dans cette rue
Que marchent les piétons
Longeant les murs crépis
Pour rejoindre leurs offices
C'est dans cette rue
Que certains matins
Je marque une pause café
Avant de regagner l'autoroute
Ce matin je me garais
Lorsque sortant de mon siège
Je vis par la fenêtre opposée
La tête d'un cheval
Ce matin ce cheval
Regardait le ciel
Immobile et lamentable
Sa tête sortant d'une poubelle
La poubelle était grise et bleu
Et la robe brune du cheval
A roulettes tranchait dans
Ce matin froid d'automne
Aussitôt je pris mon téléphone et
Dégageai le viseur de l'appareil photo
Tout en m'extirpant de la voiture
Quand à peine debout je la vis
Elle venait de surgir sur le trottoir
Femme quinquagénaire
Manteau rose vieillot
Joues rougies par le froid
Elle se tenait à cinq mètres de moi
Ses pieds solidement arrimés au sol
Ses doigts repliés tenant un téléphone
Photographiant Mon cheval
J'eus un fou-rire
Et refermai discrètement
Le viseur de mon téléphone
Avant de m'éloigner
Une demi-heure plus tard
Les DNA et mon café ingurgités
Je regagnais ma voiture
Quand à peine installé je le vis
Il venait de surgir sur le trottoir
SDF quinquagénaire
Manteau gris élimé
Joues rougies par le froid
Il se tenait à dix mètres de moi
Ses yeux fixant la poubelle
Il se tenait à trois mètres de moi
Ses mains libérant Mon cheval
Je regagnais mon autoroute
Et me remémorais cette histoire
Elle et moi fixant ces instants
Et lui revendant Mon cheval
Strasbourg, 14 décembre 2007
SDF quinquagénaire
Manteau gris élimé
Joues rougies par le froid
Il se tenait à dix mètres de moi
Ses yeux fixant la poubelle
Il se tenait à trois mètres de moi
Ses mains libérant Mon cheval
Je regagnais mon autoroute
Et me remémorais cette histoire
Elle et moi fixant ces instants
Et lui revendant Mon cheval
Strasbourg, 14 décembre 2007
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