La blockchain est bien plus qu'une technologie
Mardi dernier, j'ai parlé de blockchain à l'ENA. Bon, j’avoue que j’avais face à moi des responsables de différentes administrations de l’État réunis par la Brasserie des idées pour accélérer la transformation numérique de leurs services en relation avec leurs publics respectifs.
Cela fait maintenant trois ans que je parle de blockchain. Trois années de maturation et d'expériences diverses pour pouvoir expliquer que la blockchain est bien plus qu'une technologie. Et si j'explique cela, c'est parce que ces dernières années m'ont permis d'étudier de près le facteur humain et particulièrement les générations Y et Z, et surtout de cogérer de l'intérieur une civic tech et différentes communautés de pratiques.
Mon pitch sur la blockchain est désormais quasiment au point.
Mon pitch sur la blockchain est désormais quasiment au point.
1/ Comprendre que nous vivons trois mutations profondes : numérique, environnementale, sociétale.
Les générations Y et Z sont en effet numériques et collaboratives, organisées en tribu et fonctionnant plutôt en mode projet.
Les usines tendent vers l'ultra-numérisation, ce qui induit l'horizontalisation des process et le désilotage des organisations.
Dans le même temps, la société française est fragilisée par trois défiances : celle des responsables politiques envers les citoyens ; des dirigeants d’entreprise envers les salariés ; des présidents d’association envers des jeunes prêts à s’investir.
2/ Comprendre qu’innover, c’est bien plus qu’optimiser : amélioration continue, ajout de nouvelles fonctionnalités à des services existants, exploration de nouvelles technologies (Blockchain, intelligence artificielle...)
3/ Comprendre que la Blockchain est une technologie inventée par des hackers, des crypto-anarchistes » suite à une succession de défiances envers les institutions, notamment après la crise financière de 2007.
3/ Comprendre que la Blockchain est une technologie inventée par des hackers, des crypto-anarchistes » suite à une succession de défiances envers les institutions, notamment après la crise financière de 2007.
Deux cas sont souvent cités : les banques et le cadastre. Dans le premier cas, l'exemple chypriote a montré que les clients peuvent se voir déposséder d'une partie de leur argent sur simple décision étatique. Pour le cadastre, il suffit de regarder au fil des siècles le nombre d'aborigènes dépossédés de leur terre après une invasion ou un changement de gouvernement.
4/ La Blockchain est une technologie permettant d’automatiser des transactions en contournant les tiers de confiance par des contrats communiquant.
4/ La Blockchain est une technologie permettant d’automatiser des transactions en contournant les tiers de confiance par des contrats communiquant.
J'aime bien reprendre l'exemple des assurances en cas de retard d'un vol ou d'un train. Dans la vraie vie, c'est le parcours du combattant pour connaître ses droits et parvenir à un remboursement. Avec une blockchain, des contrats communiquant entre eux pourraient permettre le versement sur le compte bancaire du bénéficiaire quelques minutes après la connaissance de la data indiquant le dépassement du seuil de retard. Je ne vous parle pas des effets induits et de l'impact sur la hausse immédiate des contrats d'assurance...
5/ Plus que la techno, il s’agit de comprendre, d’entendre et d’entrevoir les nouvelles attentes pour imaginer les réponses futures : des populations collaboratives, une gouvernance en mode do-ocratie (du verbe to do, faire ; les faiseux chers à Alexandre Jardin), un environnement ultra-numérisé. Les technologies ne sont qu’un moyen d’y parvenir.
6/ Les cas d’usage sont déjà nombreux, en sus des banques, du cadastre et des assurances : crypto-monnaies, actes notariés, droit d’auteur, énergie (autoconsommation collective, certificats verts, bilan carbone, ...), logistique (économie circulaire, carnet de maintenance, mobilité transnationale), e-santé...
6/ Les cas d’usage sont déjà nombreux, en sus des banques, du cadastre et des assurances : crypto-monnaies, actes notariés, droit d’auteur, énergie (autoconsommation collective, certificats verts, bilan carbone, ...), logistique (économie circulaire, carnet de maintenance, mobilité transnationale), e-santé...
7/ Imaginer les effets induits en terme de financement : à l'instar du cas des assurances décrits précédemment, il convient pour l'État de s'attaquer aux impacts du financement des mutations numériques, et surtout des transferts de financement d'un vieux monde vers un monde nouveau. Il suffit de regarder le dilemme de la politique de santé publique : l'augmentation du financement pour le maintien des personnes âgées à domicile devraient normalement s'accompagner d'une diminution du financement de leur accueil dans les établissements publics...
8/ Anticiper la fracture numérique et accompagner l'inclusion numérique des personnes isolées ou non-connectées.
Voilà. N'hésitez pas à me faire part de vos remarques pour affiner et/ou corriger mon pitch.
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